Manifeste
Adopté par l'A.G d'Empreintes et Arts du 29.11.01
L'association Empreintes et Arts
a été fondée en 1997 par des artistes, des art-thérapeutes, une historienne de l'art, un journaliste et des psychanalystes.
Le but de notre association est de promouvoir le travail d'artistes ayant fréquenté des structures psychiatriques et dont le travail peut avoir pleinement sa place au sein de l'art contemporain.
Empreintes et Arts s'inscrit en rupture avec la tradition de la psychiatrie française qui caractérise dessins et peintures faits par les "fous" selon une nosographie psychiatrique, voire psychanalytique, sous les appellations "art psychopathologique", puis " psychopathologie de l'expression".
Actuellement en France, toute oeuvre produite en ses murs est le plus souvent abusivement propriété de l'institution psychiatrique. Elle sert à constituer des archives, mises au service d'un savoir clinique et de sa transmission à des praticiens. L'œuvre est outil d'exploration de la pathologie à travers son expression plastique. Des musées d'art brut ont ainsi préservé, conservé et parfois présenté au public les travaux de patients usagers de ces institutions, généralement dans un anonymat relatif. Des collections institutionnelles ou privées se sont constituées, souvent au bénéfice du corps médical et sans contrepartie pour l'auteur.
L'association Empreintes et Arts considère qu'une oeuvre ne saurait être réduite à une figure du symptôme. L'œuvre est la propriété de son auteur, fusse-t-il hospitalisé ou en traitement psychothérapique.
Aussi l'association préconise-t-elle la signature et la libre disposition de l'œuvre par son créateur. Celui-ci doit pouvoir tenter de la faire connaître et la mettre en circulation publique, pour ce qu'elle vaut, à la rencontre d'un public, et non pour ce dont il souffre.
L'auteur est libre, y compris de la vendre à son propre profit, les matériaux mis à sa disposition pouvant tout au plus faire l'objet d'une ristourne consentie à l'institution de soin.
L'évolution du Marché des Arts Plastiques allant dans le sens de l'éclatement du système, aujourd'hui l'individu s'autoproclame artiste. Nombre de galeries, foires et salons d'exposition louent leurs murs ou sont soumis à cotisation et non plus à un jury de sélection. Les opérations "ateliers portes-ouvertes" par regroupement géographique et non plus par affinités de mouvement esthétique fleurissent. L'aspect commercial domine d'autant plus que la mode est aux "installations" plutôt qu'à la peinture de chevalet.
La difficulté d'entreprendre de montrer son travail, sans jouer sur l'étiquette "malade mental", ni sur la curiosité pour la psychopathologie, est d'autant plus grande. Il peut être fragilisant d'avoir à en rabattre sur ses espoirs mégalomaniaques ou non. Il peut être appauvrissant, ou fécond, de se risquer à céder quelque chose de son originalité en cédant sur sa pathologie, hors du statut patient-artiste.
L'association Empreintes et Arts propose son aide à la charnière de l'espace soignant et d'un espace public appropriable par l'artiste en difficulté psychique. Elle propose de favoriser la confrontation à l'anonymat du public et à la masse des productions des nombreux autres artistes.
Il nous est apparu souhaitable, pour mener à bien cet accompagnement transitoire, de constituer un cadre associatif offrant une aide à la promotion de leur art à chaque artiste dont la candidature a été acceptée par le Conseil d'Administration. Ceci suppose un accompagnement spécifique, souple mais vigilant, aux modalités individualisées selon la capacité d'initiative de chacun.